L’UAWC est choquée et attristée par la décision du gouvernement néerlandais de mettre fin à son financement
5 janvier 2022
L’Union des Comités de Travail Agricole (UAWC) est choquée et attristée par la décision du gouvernement néerlandais de mettre fin à son financement de l’UAWC. Avec cette décision funeste, le gouvernement néerlandais n’abandonne pas seulement l’UAWC, mais la société civile palestinienne dans son ensemble.
C’est la première fois qu’un gouvernement met fin à son financement de la société civile palestinienne sur la base de conditions politiques. En agissant ainsi, les Pays-Bas ternissent leur réputation de donateur fiable et leur statut de pays fondé sur des valeurs, qui accueille et promeut le droit international.
Le ministère néerlandais des Affaires étrangères a annoncé sa décision aujourd’hui après une suspension de financement qui a duré 18 mois et qui a causé un grave préjudice à notre organisation, nos projets et nos bénéficiaires. Il a également soumis l’UAWC à une enquête externe, ce qui a pesé sur notre organisation tout au long de l’année 2021.
Dès le départ, cette enquête était politiquement motivée et répondait aux pressions du gouvernement israélien et des organisations calomnieuses qui lui sont affiliées. Alors que l’enquête a été déclenchée par un incident, à savoir l’arrestation de deux anciens employés de l’UAWC soupçonnés par les autorités israéliennes d’être impliqués dans un attentat, le gouvernement néerlandais a eu recours à une recherche extensive et globale pour identifier tout « lien possible entre UAWC et le FPLP ».
En raison de notre travail stratégique visant à protéger les terres palestiniennes menacées d’annexion par Israël, l’UAWC est depuis de nombreuses années la cible de campagnes de diffamation israéliennes visant à associer notre organisation au FPLP. Malgré notre inquiétude que l’enquête néerlandaise puisse alimenter de telles campagnes, nous avons décidé sans attendre de coopérer avec elle, sur la base de notre confiance dans le gouvernement néerlandais, qui est l’un des principaux donateurs d’UAWC depuis 2013.
Comme l’a confirmé le gouvernement néerlandais dans la lettre qu’il a adressée aujourd’hui au parlement néerlandais, cette enquête, menée par Proximities Risk Consultancy :
– n’a trouvé aucun flux financier entre l’UAWC et le FPLP,
– n’a trouvé aucun indice d’unité organisationnelle entre l’UAWC et le FPLP,
– n’a trouvé aucune indication que le FPLP dirige l’UAWC,
– n’a trouvé aucun lien entre l’UAWC et la branche armée du FPLP.
– Rien n’indique que des membres du conseil d’administration ou du personnel aient utilisé leur position au sein de l’UAWC à des fins terroristes.
En outre, le ministère néerlandais des Affaires étrangères a déterminé que les recherches de Proximities ne permettent pas de conclure que l’UAWC a des liens organisationnels avec le FPLP.
Toutes ces conclusions prouvent le statut et l’existence de l’UAWC en tant qu’organisation indépendante, qui n’a aucune affiliation politique ou religieuse avec un parti ou une organisation politique.
Il est choquant et profondément troublant que le gouvernement néerlandais ait néanmoins décidé de mettre fin à son financement de l’UAWC. Il l’a fait sur base d’un certain nombre de « liens inpiduels » que Proximities a identifiés – des liens présumés à titre privé entre des membres du conseil d’administration et du personnel de l’UAWC et le FPLP.
Lorsque le gouvernement néerlandais a annoncé son enquête, nous avons immédiatement fait part de notre claire objection à ce qu’elle soit étendue aux inpidus. Sur la base de la loi palestinienne et des normes fondamentales des droits de l’homme, l’UAWC ne peut pas (et ne veut pas) interférer avec les croyances et affiliations politiques personnelles de ses employés et membres du conseil d’administration. Comme l’a également confirmé Proximities, l’UAWC a et applique une politique interne solide pour préserver son indépendance organisationnelle et sa neutralité politique dans les limites fixées par la loi palestinienne et les droits de l’homme.
L’enquête de Proximities a été caractérisée par un étonnant manque de transparence. Nous n’avons appris que tarpement que des membres du conseil d’administration et du personnel de l’UAWC y avaient été inclus. Parmi les conclusions de Proximities, nous avons identifié de multiples inexactitudes factuelles, y compris plusieurs erreurs d’identité, que nous avons signalées. Il n’est pas clair pour nous si et comment ces corrections ont été appliquées au rapport final que Proximities a remis au ministère néerlandais des Affaires étrangères.
Nous sommes choqués que le gouvernement néerlandais ait mis fin à son financement d’une organisation de la société civile palestinienne de premier plan et d’un partenaire de longue date comme l’UAWC, sur la base de liens inpiduels présumés qui rappellent les allégations toxiques de groupes israéliens comme NGO Monitor. Cette décision contredit également la lettre et l’esprit des assurances que l’Union européenne a fournies à la société civile palestinienne, lorsqu’elle a précisé dans une lettre adressée au PNGO en mars 2020 qu’elle « ne demande à aucune organisation de la société civile (…) de discriminer une personne physique en raison de son affiliation politique. »
Après de nombreuses années de coopération étroite et dévouée, la décision du gouvernement néerlandais de mettre fin à son financement de l’UAWC constitue un abus de confiance, qui risque de résonner bien au-delà de notre organisation. Elle intervient à un moment où la société civile palestinienne subit une attaque sans précédent.
Le gouvernement israélien va profiter de cette décision pour intensifier son attaque tous azimuts contre la société civile palestinienne, après avoir désigné en octobre dernier six ONG palestiniennes comme organisations terroristes. Plus précisément, la décision légitime et encourage la tactique israélienne consistant à attaquer les ONG palestiniennes en raison des prétendues affiliations politiques des membres de leur conseil d’administration et de leur personnel. Tout cela détourne l’attention internationale du vol et de la confiscation par Israël de davantage de terres palestiniennes et de sa répression brutale du peuple palestinien vivant sous occupation militaire.
Nous sommes particulièrement attristés que le processus menant à la décision d’aujourd’hui ait été initié par l’ancienne ministre néerlandaise du Développement Sigrid Kaag, qui a pu constater la pertinence de notre travail et la vitalité de l’UAWC lors de sa visite en Cisjordanie en février 2020. Personne ne comprend mieux que Mme Kaag le contexte en Palestine et les implications de la décision du gouvernement néerlandais de mettre fin au financement de l’UAWC.
Nous allons envisager des démarches juridiques pour contester la décision dommageable et injuste prise aujourd’hui par le gouvernement néerlandais, qui ne repose sur aucune base valable.
En cette heure critique, nous appelons les autres donateurs à maintenir et à augmenter leur soutien à l’UAWC et à toutes les organisations de la société civile palestinienne. Ne nous abandonnez pas.